Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 279.
Dans Misère de la philosophie, Marx affirme pour la première fois qu’il existe un point commun à l’intérieur d’un atelier et la société en les différenciant à l’égard de l’autorité qui les gouverne. En premier lieu, il faut préciser que Marx parle de l’atelier moderne parce que selon lui, « la séparation des diverses parties du travail, laissant à chacun la faculté de se livrer à la spécialité qui lui agrée le plus … n’existe que dans l’industrie moderne, sous le régime de la concurrence »1. Deuxièmement, dans le système patriarcal, le système des castes, le féodalisme et l’ordre des corporations, il y avait une division du travail dans l’ensemble de la société conformément aux règles immuables qui découlaient des conditions de la production matérielle, elles sont devenues des lois beaucoup plus tard. « C’est ainsi que ces diverses formes de la division du travail devinrent autant de bases d’organisation sociale. Quant à la division du travail dans l’atelier, elle était très peu développée dans toutes ces formes de la société. »2 La proportion inverse entre les deux est ainsi expliquée par Marx à l’égard de l’autorité : s’il y a moins d’autorité sur la division du travail dans la société, il sera plus celle dans l’atelier. « Tandis que dans l’intérieur de l’atelier moderne la division du travail est minutieusement réglée par l’autorité de l’entrepreneur, la société moderne n’a d’autre règle, d’autre autorité, pour distribuer le travail, que la libre concurrence. »3 Cette idée des types de la division du travail, d’abord exprimée ainsi dans Misère de la philosophie, est médiatisée dans les Manuscrits de 1861-1863 et atteint sa maturité dans Le Capital. Selon Marx, d’une part, la manufacture reproduit la séparation naturelle des métiers qu’elle trouve toute prête dans la société au sein de l’atelier et la pousse systématiquement à son ultime effort. Cela permet à l’ouvrier, qui fait une partie de travail, de se spécialiser sur cette partie. D’autre part, le travail partiel devient la seule occupation d’un homme pendant toute sa vie à cause de la manufacture. Cela correspond à la disposition des sociétés antérieures « de rendre les métiers héréditaires »4. « Les castes et les corporations
1 Karl Marx, Misère de la philosophie…, p. 186.
2 Ibid., p. 188.
3 Ibid.
4 Karl Marx, Le Capital…, p. 382
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 280.
naissent de la même loi naturelle qui régit la division des plantes et des animaux en espèces et sous-espèces »5. Mais, ils deviennent une loi sociale à un certain stade de développement. Pour légitimer son argument, Marx se réfère à Diodore de Sicile qui mentionne la division sociale (διαίρεσιν τῆς πολιτείας) en Égypte dans son œuvre intitulé Bibliotheque Historique.6
La base de la production marchande se situe dans la relation « entre la division manufacturière du travail et la division sociale du travail »7. Selon Marx, si l’on ne considère que le travail lui-même, « on peut qualifier la séparation de la production sociale en ses grands genres principaux (l’agriculture, l’industrie, etc.) de division du travail en général » (Teilung der Arbeit im allgemeinen) , « la partition de ces genres principaux en espèces et sous-espèces, de division du travail en particulier »(Teilung der Arbeit im besonderen) , « et la division du travail au sein d’un atelier, de division du travail de détail » (Teilung der Arbeit im einzelnen). 8« La division du travail au sein de la société » et, partant, « la limitation des individus à des sphères professionnelles particulières se développent à partir de points de départ opposés ».9
5 Ibid.
6 παρὰ δὲ τοῖς Αἰγυπτίοις, εἴ τις τῶν τεχνιτῶν μετάσχοι τῆς πολιτείας ἢ τέχνας πλείους ἐργάζοιτο, μεγάλαις περιπίπτει τιμωρίαις.τὴν μὲν οὖν διαίρεσιν τῆς πολιτείας καὶ τὴν τῆς ἰδίας τάξεως ἐπιμέλειαν διὰ προγόνων τοιαύτην ἔσχον οἱ τὸ παλαιὸν τὴν Αἴγυπτον κατοικοῦντες.
Diodorus Siculus, Bibliotheca Historica, Books I-V, Immanuel Bekker, Ludwig Dindorf, Friedrich Vogel, Immanel Bekker, Ed., Perseus Digital Library, I.74.
http://data.perseus.org/citations/urn:cts:greekLit:tlg0060.tlg001.perseus-grc1:1.74
« …qui chez les Égyptiens prendrait part aux affaires publiques on qui exercerait plusieurs métiers à la fois, encourrait une forte amende. Telles sont la division sociale et la constitution politique que les anciens Égyptiens se transmettaient intactes de père en fils. »
Diodore de Sicile, Bibliothèque Historique, Tome premier, trad. avec une préface, des notes et un index par M. Ferd. Hoefer. Paris : Charpentier, 1846, p. 85.
7 Karl Marx, Le Capital…, p. 395.
8 Marx écrit dans la note de bas en page qu’il a emprunté l’idée de cette distinction de Skarbek et Storch en se référant aux leurs œuvres.
Ibid.
9 Ibid.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 281.
Cela est comme aussi dans la division manufacturière du travail, elle commence aussi à partir de points de commencement opposés.
« Une division naturelle du travail »10 se forme sur la base des différences d’âge et de sexe, c’est-à-dire sur la base physiologique. Elle se réalise premièrement au sein de la tribu et après, au sein de la famille qui est formée par le relâchement des liens tribaux.11 Et elle se développe par l’accroissement de la population et les conflits parmi les tribus. L’échange se produit lorsque les différentes tribus, familles et communautés se rencontrent. Au début de la civilisation, les deux côtés de l’échange sont ces tribus, familles et communautés ; pas des individus. Les environnements naturels dans lesquels vivent ces communautés sont différents, ce qui signifie qu’elles ont des moyens de production et des moyens de subsistance différents. Donc, leurs modes de production, leurs modes de vie et donc, leurs produits sont également différents. En raison de cette différence naturelle, les communautés échangent lorsqu’elles se rencontrent et, par conséquent, les produits se transforment peu à peu en marchandises. Cette idée de Marx est contraire à l’opinion selon laquelle c’est l’échange qui différencie « les sphères de production ». Selon lui, les relations entre les sphères de production déjà différente sont établies par l’échange, et elles deviennent ainsi des branches plus ou moins interconnectées de la production sociale générale.
Le processus partant des points de départ opposés que nous avons auparavant mentionnés est comme la suivante : dans la première circonstance, où la division physiologique du travail est le point de départ, « les différents organes particuliers d’une totalité immédiatement cohérente qui se séparent les uns des autres, se dissocient » et ils « s’autonomisent jusqu’au point où la liaison entre les différents travaux
10 Ibid., p.396.
11 Dans la troisième édition allemande du Capital, Engels corrige ces mots de Marx « Au sein d’une famille ou, à un degré plus élaboré, d’une tribu » avec cette note suivant :« Des études ultérieures très approfondies sur les états primitifs de l’humanité ont amené l’auteur à la conclusion que ce n’est pas la famille qui se développe en tribu à l’origine, mais l’inverse, que la tribu est la forme naturelle originaire d’une socialisation humaine fondée sur la consanguinité et que c’est donc seulement plus tard, à partir de la dissolution des liens tribaux, que se sont développées les multiples formes de famille. »
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 282.
se fait par la médiation de l’échange marchand des produits. »12 Cet échange de marchandises entre les communautés qui sont étrangères les unes aux autres, est ce qui pousse à cette dissociation. Dans la deuxième circonstance, la division sociale du travail est un résulte de l’échange qui se fait entre les sphères de production initialement différentes et indépendantes. Dans cette première circonstance, il y a une autonomisation des hommes qui auparavant ne sont pas autonomes et dans cette deuxième, il y a désautonomisation des hommes qui auparavant sont autonomes. La division du travail commence à partir de ces points de départ. Comme nous l’avons auparavant répété plusieurs fois dans cette étude, elle se développe significativement avec la séparation de la ville et de la campagne.13 La base de toute division du travail développée médiatisée par l’échange de marchandises repose sur la séparation de la ville et de la campagne. Cela signifie aussi qu’à partir de cette séparation, toute l’histoire économique peut être résumée.
La condition matérielle de la division du travail dans la société est la grandeur et la densité de la population. La condition matérielle de la division manufacturière du travail est le rassemblement d’un grand nombre d’ouvriers dans un même lieu de travail. « La production et la circulation des marchandises sont la condition générale du mode de production capitaliste ».14 La division manufacturière du travail exige donc que la division du travail ait déjà atteint un certain degré de développement dans la société ; c’est-à-dire que la division du travail à l’intérieur de la manufacture apparaît après un certain stade de la division sociale du travail. De même, « la division manufacturière du travail développe et multiplie en retour la division sociale du travail »15 parce que du fait de la différenciation des moyens de production, les métiers qui produisent ces outils se différencient aussi de plus en plus. Lorsque l’industrie manufacturière commence dans une branche de production, une séparation immédiate et une indépendance mutuelle s’y forment.
L’augmentation de l’étendue du marché mondial et le système colonial sont des conditions efficaces pour le développement de la
12 Ibid., p.396.
13 Karl Marx, Friedrich Engels, L’idéologie Allemand…, pp. 80-81.
14 Karl Marx, Le Capital…, p. 397.
15 Ibid.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 283.
manufacturière. Et cela aussi soutient également la division du travail au sein de la société. La division du travail diffuse aux autres sphères de la société au-delà de la sphère économique. Elle constitue les bases de la spécialisation, du compartimentage et de la parcellisation et de la division des humains.16
Quoiqu’il y ait des relations strictes et des similitudes entre la division manufacturière et la division sociale du travail, Marx prétend qu’elles sont essentiellement différentes. Les similitudes sont plus évidentes lorsqu’il fusionne différentes branches de production. Comme exemple, Marx donne l’éleveur d’animaux produisant des peaux, le tanneur transformant les peaux en cuir, et le cordonnier fabriquant des bottes en cuir. À chaque étape, il y a un produit intermédiaire, et la forme finale est le produit combiné de leur travail particulier. On peut parler des métiers innombrables en y ajoutant les métiers qui fournissent les moyens de production à l’éleveur, au tanneur et au cordonnier, et ceux qui leur sont liés.17 Marx prétend qu’Adam Smith détermine la différence que subjectivement entre ces deux divisions du travail, « c’est-à-dire uniquement aux yeux de l’observateur »18. Cet observateur peut comprendre les travaux partiels dans la manufacture d’un seul regard à cause d’un seul lieu du travail. Mais quant à la division sociale, ce même observateur ne peut être clair, parce que cette dernière contient une dissémination spatiale et une masse qui s’occupe d’une branche spécifique de production. Selon Marx, d’une part, ce qui établit le lien entre les travaux indépendants de l’éleveur, du tanneur, du cordonnier, c’est que le produit de chacun d’eux est une marchandise. D’autre part, le caractère de la division manufacturière du travail est que
16 Marx cite Adam Ferguson et David Urquhart liée à ce sujet :
« we make a nation of helots, and have no free citizens. »
Adam Ferguson, An Essay on the History of Civil Society…, p. 177.
« In addition to all the rest, you divide the people into two hostile camps of clownish boors and emasculated dwarfs. Good heavens ! a nation divided into agricultural and commercial interests calling itself sane-nay styling itself enlightened and civilized , not only in spite of, but in consequence of this monstrous and unnatural division !
To subdivide a man is to execute him, if he deserves the sentence, to assassinate him if he does not.—The subdivision of labour is the assassination of a people. »
David Urquhart, Familiar Words, London : Trübner &Co, 1855, p.119.
17 Marx prétend qu’Adam Smith l’a emprunté sans référence à Mandeville.
18 Karl Marx, Le Capital…, p. 399.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 284.
« le travailleur partiel ne produit pas de marchandise. Seul le produit commun des travailleurs partiels se transforme en marchandise. »19
L’échange de produits de différentes branches de production crée la division du travail dans la société, tandis que la relation entre les travaux partiels dans la production est établie en les vendant au capitaliste, qui utilise les différents pouvoirs de travail comme un pouvoir de travail combiné. Dans le premier, les moyens de production sont répartis parmi les nombreux producteurs de marchandises différents, dans la deuxième, ils sont concentrés dans un capitaliste. La première est accidentelle et arbitraire, tandis que la deuxième est liée à la nécessité d’employer un certain nombre d’ouvriers pour certains travaux. Dans le premier, puisque chaque producteur de marchandises produit la valeur d’usage, la nécessité de procurer les besoins de société, la différence de quantité des besoins et le lien interne qui crée un système naturel avec l’ensemble des besoins créent une tendance à s’équilibrer pour les différentes sphères de production. Alors que la division du travail au sein de l’atelier a la règle suivie a priori et planifiée, la division du travail dans la société a un effet postérieur comme une nécessité naturelle qui domine la fluctuation des prix du marché, et comme l’indiscipline arbitraire des producteurs de marchandises. Dans la division manufacturière du travail, le capitaliste a une autorité inconditionnelle sur les ouvriers qui ne sont qu’une partie de sa machinerie, tandis que dans la division sociale du travail seule la concurrence a une autorité.20 Dans une société basée sur le mode de production capitaliste, l’anarchie de la division sociale du travail et le despotisme de la division du travail dans la fabrication se conditionnent mutuellement.
Dans les sociétés antérieures où la particularisation des métiers se développe spontanément, elle s’est cristallisée et enfin elle devient une loi et elle est donc solidifiée. D’une part, il y a une organisation du travail social basée sur le plan et l’autorité, et d’autre part, la division
19 Ibid.,
20 « la division sociale du travail met face à face des producteurs de marchandises indépendants, qui ne reconnaissent d’autre autorité que celle de la concurrence, de la contrainte que la pression de leurs intérêts réciproques exerce sur eux, de la même manière que dans le monde animal la « guerre de tous contre tous » maintient plus ou moins en vie les conditions d’ existence de toutes les espèces. »
Ibid., p. 401.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 285.
du travail au sein de l’atelier est complètement exclue ou seulement très limitée ou dispersée. Elle se développe accidentellement. À ce sujet, Marx donne en exemple les anciennes communautés indiennes où la terre est une propriété commune et où l’agriculture et l’artisanat sont strictement liés. Dans la formation de ceux-ci, une division stable du travail fonctionne comme un cadre et un schéma. La plupart des produits n’y sont pas fabriqués en tant que marchandises. Les produits sont fabriqués pour les besoins de la communauté et, par conséquent, dans ce type de société, la production elle-même est indépendante de la division du travail qui est la conséquence de l’échange des marchandises. « Seul l’excédent de produits se transforme en marchandises »21 sous le contrôle de l’État. La loi qui dirige la division du travail, par exemple dans cette communauté, a une autorité irrésistible d’une loi de la nature. Donc, contrairement à l’administration politique instable comme dans les États asiatiques, dans ce type de société comme dans les sociétés asiatiques, la structure des éléments économiques fondamentale reste inchangée. »
En ce qui concerne les corporations, une loi sur les corporations limite le nombre de compagnons et d’apprentis que le maître de la corporation peut employer. Cela l’empêche de devenir capitaliste, et ces compagnons et apprentis ne peuvent travailler que dans le métier de leurs maîtres. À mesure que la division du travail augmente, les corporations se divisent entre elles et de nouvelles corporations se forment ; cependant, cela ne suscite pas le regroupement de différents métiers dans un même atelier. Le système de corporation exclut la division manufacturière du travail alors qu’il prépare les conditions d’existence de la période manufacturière par la particularisation, l’isolement et le développement des métiers dans son organisation.
En dernière analyse, la division sociale du travail dont la cause est l’échange de marchandise ou son absence, se trouve dans les différentes formations sociales économiques ; mais « la division manufacturière du travail est une création totalement spécifique du mode de production capitaliste. »22
La manufacture supprime le talent productif de l’ouvrier. Ainsi, le travail partiel développe unilatéralement son habileté au travail
21 Karl Marx, Le Capital…, p. 399.
22 Ibid., p. 404.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 286.
« comme dans une serre », le transforme en infirme, et en plus de la répartition du travail partiel entre les différents individus, « mais l’individu lui-même est divisé, transformé en mécanisme automatique d’un travail partiel » en conséquence, la division manufacturière du travail conduite à « une mutilation spirituelle et corporelle ». « Une certaine mutilation spirituelle et corporelle est déjà indissociable » de la division sociale du travail. » Mais la division manufacturière du travail est ce qui est la première chose qui fournit la matière de la pathologie industrielle. D’une part, pendant la période manufacturière, cette division sociale des métiers est avancée plus loin et, d’autre part, la division manufacturière du travail attaque au cœur même de l’individu. « Non seulement elle développe la force productive sociale du travail en faveur du capitaliste, et non du travailleur, mais elle le fait en mutilant le travailleur individuel. Elle produit de nouvelles conditions de domination du capital sur le travail. »23
« La coopération fondée sur la division du travail » c’est-à-dire la manufacture, commence spontanément, donc, « sa genèse est naturelle ».24. Dès qu’elle contient une consistance et une ampleur, elle devient une forme méthodique et systématique de production capitaliste. Selon l’histoire de la manufacture, la division manufacturière du travail trouve premièrement la forme qui lui convient le mieux, comme, à l’insu des personnes qui établissent les relations d’échange. Ensuite comme pour l’artisanat de corporation, cette forme est fermement détenue et gérée pour la préserver pendant des siècles. Sauf à quelques exceptions près, le changement essentiel ne se produit qu’avec un changement fondamental des outils de travail. La manufacture moderne (Marx ne mentionne pas l’industrie moderne basée sur la machine) applique aisément le principe de la division du travail partout où elle est née et s’est développée. Soit elle trouve les personnes prêtes à se rassembler dans les grandes villes, soit elle répartit les divers travaux d’un artisanat (comme dans l’agriculture) à des personnes particulières.
23 « Ainsi donc, si elle apparaît d’une part comme un progrès historique et un moment nécessaire dans le développement de la formation économique de la société, elle apparaît d ‘ autre part comme un moyen d ‘exploitation raffinée et civilisée. »
Ibid., p. 410.
24 Ibid., p. 409.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 287.
L’économie politique est apparue pour la première fois comme une science indépendante à l’époque manufacturière. Selon Marx, du point de vue de l’économie politique, la division sociale du travail n’est considérée qu’en matière de division du travail qui se développe dans la manufacture, c’est-à-dire comme un moyen qui permet de produire plus de marchandises avec la même quantité du travail, ce qui diminue le prix des marchandises et accélère l’accumulation du capital. C’est la cause pour laquelle nous examinons l’œuvre principale d’Adam Smith dans cette étude ; parce qu’il est celui qui accentue le plus la division du travail parmi les économistes politiques. Il écrit l’histoire à propos du commencement de la division du travail, mais il ne se réfère pas à l’histoire et ni même l’histoire de la philosophie. Alors que, contrairement à « cette accentuation de la quantité et de la valeur d’échange », Marx prétend que « les écrivains de l’Antiquité classique » « s’en tenaient exclusivement à la qualité et à la valeur d’usage ».25 Marx se réfère notamment à Platon et à Xénophon et cela constitue notre point de départ pour le sujet de notre prochaine section.
En dernière analyse, sans postuler la division du travail comme une prémisse, nous pouvons parler de différents genres de division du travail dans l’histoire, au fur et à mesure du progrès de l’histoire, et dans des conditions où différents types de division du travail peuvent coexister dans la même période historique. En ce contexte, il y a des différences essentielles parmi eux, mais en même temps une relation décisive : dans l’histoire, l’un peut avoir un effet sur la modification de l’autre. Considérant tout cela : Ainsi pouvons-nous parler de la division de la division du travail : la division naturelle du travail, la division sociale du travail, la division manufacturière du travail.
La première grande division sociale du travail se réalisant après la conséquence de l’apprivoisement des animaux, change le statut des sexes dans la maison. Et à la fin, la division du travail au sein de famille émerge de la division naturelle du travail. Nous examinons
25 Marx mentionne le texte de Haris lié à la division du travail qui trouve son origine à l’antiquité :
James Harris, dans Dialogue Concerning Happiness : « Toute la preuve que la société est quelque chose de naturel » (c’est-à-dire grâce à la division des « activités » ) « est tirée du deuxième livre de la République de Platon ».
Ibid., p. 411.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 288.
l’Economique de Xénophon au point de vue de la division du travail au sein de famille dans la conclusion présente, et la République de Platon et Les Politiques d’Aristote au point de vue de la division sociale du travail. (L’appropriation, qui est l’essence de la division des travaux, à chacune des opérations à un ouvrier c’est-à-dire la distribution, ou plutôt l’adaptation des travaux aux différentes capacités individuelles)26 Quoiqu’il existe des études historiques détaillées et attentives sur les manufactures de la Grèce antique dans lesquelles les renseignements sur la division du travail dans ces manufactures sont amplement analysés,27 au point de vue de notre sujet et de notre question, il est très difficile d’établir une base de comparaison sur des textes de philosophie de l’Antiquité et de l’époque moderne par rapport à la division manufacturière du travail.
26 Karl Marx, Misère de la philosophie…, p. 197.
27 Peter Acton, Poiesis : Manufacturing in Classical Athens, New York : Oxford University Press, 2014, pp. 29-32.