Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 185.
L’introduction de Richesse des Nations commence par les déterminations d’Adam Smith avant de donner le plan de son ouvrage : La principale ressource d’une nation, qui fournit les choses nécessaires et utiles à sa survie, est le travail. La consommation et l’approvisionnement de ces choses sont évalués sur une base annuelle. Elles sont les produits directs du travail ou sont achetées à d’autres nations en échange de ces produits. Les nations sont mieux ou moins bien par rapport à la question de savoir si ces choses sont plus ou moins à l’égard de leur consommation. Deux circonstances déterminent ce ratio de l’abondance ou l’insuffisance de cet approvisionnement, et cela s’applique à toutes les nations : La première est composée de l’habileté, de la dextérité et du jugement (la perspicacité) qui sont manifestées dans le travail. La deuxième est le rapport entre ceux qui sont employés à un travail utile et ceux qui ne le sont pas. La première est plus essentielle, c’est-à-dire que la deuxième dépend de la première. Il existe une distinction entre les nations civilisées (et en progrès,) et les nations sauvages : Dans les nations sauvages qui vivent de la chasse et de la pêche, chaque individu qui peut travailler travaille également pour les personnes âgées, les enfants ou les personnes faibles de sa famille qui ne peuvent pas travailler. Ces nations sont si pauvres qu’elles doivent parfois sacrifier de telles personnes. Dans les nations civilisées et en progrès, même si un grand nombre de personnes ne travaillent pas, même si elles consomment beaucoup, le produit du travail total de la société est si élevé qu’il suffit à toutes les citoyens. Le plus pauvre d’une telle société, par exemple, en tant que travailleur économe, a plus accès à l’essentiel qu’un sauvage non civilisé. Après ces déterminations, Adam Smith rédige le plan de cette recherche, qui se compose de cinq livres : Le premier livre examine les causes de ce perfectionnement des pouvoirs productifs du travail et l’ordre dans lequel le produit du travail est naturellement réparti entre les personnes des différents classes (conditions) de la société. Le deuxième livre traite de la nature du stock de capital et de son accumulation, de la quantité de travail mobilisée par le capital selon ses différents usages, parce que le nombre de travailleurs utiles et productifs mentionné ci-dessus comme deuxième condition est proportionnelle à la quantité du stock de capital utilisé pour employer ces travailleurs et le mode d’emploi.
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Dans la première circonstance mentionnée ci-dessus, les nations sont en progrès en termes de l’habileté, de la dextérité et du jugement (la perspicacité) dans le travail, ont suivi des voies différentes, elles n’ont pas traité tous les types de travail de la même manière, mais en mettant l’accent sur certains types. Par exemple, après la chute de l’Empire romain, la politique de l’Europe accorde de la valeur aux arts, à la manufacture et au commerce qui composent l’industrie dans la ville plutôt qu’à l’agriculture comme activité principale de la campagne. La condition qui crée cette politique est le sujet du troisième livre. Le quatrième livre consiste en l’explication des effets des différentes théories de l’économie politique sur les nations à différentes époques. Ces quatre premiers livres expliquent donc la nature des sources de richesse de la masse du peuple à des époques différentes et nations. Le cinquième livre examine les revenus du souverain ou de l’État Dans ce contexte, leurs dépenses nécessaires, comment l’ensemble de la société participera à les couvrir, leurs méthodes, les causes de la dette et leurs effets sur le produit annuel du travail et de la terre sont discutés.
La première partie du premier livre porte le titre de « De la division du travail » et elle commence par certaines déterminations comme celle qu’Adam Smith propose dans l’introduction, mais il s’agit cette fois de la division du travail. La cause est la division du travail : Le plus grand degré du perfectionnement des pouvoirs productifs et la plus grande partie de l’habileté, de la dextérité et du jugement (la perspicacité, le discernement) semblent avoir été les effets de la division du travail. La division du travail peut sembler avancée dans certaines petites industries ; cela est dû au fait que des ouvriers de différentes branches de l’ouvrage d’une manufacture sont sous surveillance sur le même lieu de travail ; alors que dans les grandes industries le travail est beaucoup plus divisé ; Cependant, comme le nombre d’ouvriers est si élevé, ils ne se réunissent pas dans le même lieu de travail, donc cette division n’est pas aussi évidente que dans l’autre. Adam Smith donne l’exemple de la manufacture d’épingles15 qui est une fabrication très insignifiante, mais dans laquelle la division du travail se démarque : l’ouvrage d’épingles qui n’est pas un métier particulier auparavant, est
15 « Adam Smith a-t-il personnellement observé l’usine ou a-t-il développé son exemple à partir d’écrits contemporains de son temps ? »
Jean-Louis Peaucelle, « Adam Smith’s use of multiple references for his pin making example », The European Journal of the History of Economic Thought, 13 :4, pp. 489-512.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 187.
devenue particulier grâce à la division du travail. Un ouvrier qui n’a pas la formation pour ce travail et qui ne sait pas utiliser les outils convenables pour ce travail peut difficilement fabriquer une épingle par jour avec tous ses efforts, il n’est pas possible de fabriquer vingt épingles. Outre l’art d’épingler est devenue entièrement un métier particulier grâce à la division du travail, elle a également créé différentes branches de travail, dont la plupart devient des métiers à part entière. Un ouvrier tire le fil, un autre le redresse, un troisième le coupe, un quatrième empointe, un cinquième émoud le bout afin que l’épingle puisse recevoir la tête. Les opérations sont séparées : mettre la tête sur l’épingle, bouter les épingles sur le papier, blanchir les épingles etc. Chaque opération séparée devient même un métier. Ainsi, le travail de la manufacture d’épingles est divisé en environ dix-huit processus distincts. Dans certaines manufactures, deux à trois fonctions sont exercées par un seul ouvrier, dans d’autres, un ouvrier est confié à une seule opération. Même dans une manufacture qui n’est pas en très bon état en termes d’outillage, les ouvriers produisent jusqu’à douze livres (équivalent de 5.44 kg) d’aiguilles par jour. Plus de quatre mille épingles moyennes se trouvent dans un livre de poids et selon cette mesure, dix personnes peuvent fabriquer environ quarante-huit milles épingles en une journée. Ainsi, chaque ouvrier peut être compté comme fabriquant quatre mille huit cents épingles par jour. Cependant, en l’absence de division du travail, il ne serait pas possible de produire vingt épingles, peut-être même une, à lui tout seul. Sans une division du travail appropriée et une combinaison d’opérations diverses, ils n’auraient pas été en mesure de réaliser un pour deux cents quarantièmes de la production totale, ni même un sur quatre mille huit cents par ouvrier. L’effet de la division du travail est similaire, bien que dans d’autres arts et manufactures le travail ne soit pas tellement divisé et dans la mesure où il y a de division du travail dans un art, il y a un accroissement proportionnel dans les pouvoirs productifs par rapport à cela. Dans les pays industrialisés et perfectionnés, la division du travail porte au point le plus avancé. Le travail effectué par une personne dans un état grossier de société est le travail de plusieurs dans l’état avancée de la société, à savoir ce qui est l’ouvrage d’un homme dans une société grossière, étant généralement celui de plusieurs dans une société avancée. Dans cette dernière, le paysan n’est habituellement qu’un paysan ; le fabricant, rien qu’un fabricant. Aussi le travail qui est nécessaire pour une produite achevée d’industrie est presque toujours divisée entre un grand nombre
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des ouvriers. Par exemple, de nombreux types d’art sont employés jusqu’à ce que la laine produite devienne un vêtement. En fait, la nature de l’agriculture n’est pas trop convenable la division du travail en branches inférieures et la subdivision de celles ; il n’est pas propice à la séparation complète d’une opération d’une autre, du moins pas aussi situable que les manufactures.16 Quoique les travaux de menuiserie et de forge sont séparés les uns des autres, les travaux de ceux qui élèvent des animaux et de ceux qui cultivent le grain ne peuvent pas être entièrement séparés. Le fileur est presque toujours une personne distincte du tisserand ; mais le laboureur, l’herseur, le semeur de semence et le moissonneur de blé sont souvent les mêmes. C’est parce que ces différents types de travaux sont effectués à différentes saisons de l’année. C’est pourquoi la même personne ne peut pas faire le même travail tout le temps. C’est la raison pour laquelle le travail dans l’agriculture ne peut avancer comme les manufactures, la division du travail ne peut pas être de la même manière dans les deux. Le fait que les nations sont plus opulentes s’appuie donc sur la différence dans l’industrie plutôt que dans l’agriculture. Bien que l’industrie soit efficace pour bien cultiver la terre, alors que les nations riches doivent être aussi plus avancées dans l’agriculture que les autres à cause de cela, les effets tels que la largeur des terres agricoles, le climat, les politiques fiscales ont des effets sur la richesse des nations et ces effets empêchent de comprendre la différence entre les nations selon l’agriculture. Mais quant aux manufactures, il est facile de constater cette différence entre celles. Trois raisons expliquent l’augmentation de la quantité de travail due à la division du travail : Dextérité accrue de chacun des ouvriers, gain de temps perdu lors du changement de travail, et invention de la machinerie qui donne à un seul homme la possibilité d’exercer les fonctions de plusieurs ouvriers. Premièrement, un accroissement de l’habilité augmente la quantité de travail. Par la division du travail, la tâche est simplifiée en réduisant à une seule opération et elle devient l’unique occupation de la vie de l’ouvrier et donc, cela accroit la dextérité. Par exemple, un forgeron qui n’a pas l’habitude de faire des clous peut faire deux cents clous par jour, tandis qu’une personne qui a l’habitude de faire des clous, mais qui n’est pas son seul travail, peut être capable de faire plus de mille clous, mais quelqu’un dont le seul métier est de faire des clous peut faire deux milles morceaux. La même personne doit allumer le soufflet, attiser le feu, chauffer le fer, enfoncer le clou, changer d’outil en battant le dessus
16 La qualité de travail s’introduit à l’argumentation.
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du clou. La rapidité d’une personne dont tout le travail consiste à faire ces choses pendant la journée est beaucoup plus que les autres à cause de sa dextérité. Deuxièmement, il y a un avantage à gagner du temps perdu la rotation des travaux lors du passage d’un travail à un autre. Il n’est pas possible de changer rapidement d’un travail à un autre qui s’effectue avec d’autres outils. Un temps considérable est perdu lorsqu’on fait la navette entre le métier à tisser et le champ. L’ouvrier est distrait lorsqu’il change de travail, même si deux travaux différents se trouvent sur le même lieu de travail. Dans l’agriculture, par exemple, cela conduit à une tendance au repos entre les changements d’emploi. Tous cela réduit la quantité de travail. Troisièmement, l’utilisation de machines appropriées facilite le travail ; raccourcit le temps de travail. En fait, la raison de l’invention des machines est la division du travail. Le fait que les ouvriers consacrent toute leur attention vers un objectif les entraine à rechercher des moyens plus faciles d’atteindre un objectif. La division du travail consacre leur attention vers un seul objectif simple en réduisant le travail à une seule opération. Si la nature du travail se prête à cette évolution, il est normal d’attendre de cette personne qu’elle trouve un moyen plus facile pour exercer sa fonction. Ainsi, certaines des machines de l’industrie sont les inventions d’ouvriers ordinaires. Donc, alors qu’ils se concentrait sur une seule opération, ils peuvent réfléchir à la méthode pour le faire plus rapidement. Par exemple, un petit garçon qui a tendance à jouer avec ses camarades, qui s’emploie au départ de la machine à vapeur à ouvrir et fermer la communication entre la chaudière et le cylindre en fonction du mouvement du piston, observe que cela peut marcher spontanément s’il noue un cordon au manche de la soupape et à l’autre partie de la machine. Donc, l’invention se fait pour économiser du travail et avoir plus de temps libre.
Les créateurs de tous les développements et inventions des machines ne sont pas ceux qui ont la possibilité de les utiliser. En grande partie des inventions est réalisée à cause de l’habileté de ceux qui fabriquent des machines en tant que leurs métiers, à savoir l’industrie de la construction des machines. D’autres, en vertu de leur métier de ne faire qu’observation, qui sont nommés comme les savants ou théoriciens, inventent aussi les machines en rassemblant les pouvoirs de choses lointaines et dissemblables. « Dans une société avancée, les fonctions philosophiques ou spéculatives deviennent, comme tout autre emploi, la principale ou la seule occupation d’une classe particulière
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de citoyens. »17 Comme dans d’autres ouvrages, la division de la philosophie en sections augmente l’habileté et fait gagner du temps. Celui qui devient un expert dans son propre domaine et la somme du travail accompli augmente, la quantité de connaissances18 augmente considérablement. En conclusion, c’est la multiplication des produits des arts et des métiers qui crée la richesse qui se propage aux classes inférieures de la société dans une société bien gouvernée, ce qui est dû à la division du travail. Comme produit de son travail, l’ouvrier a plus que ce dont il a besoin, et comme c’est la même condition pour un autre ouvrier, l’échange des marchandises entre eux devient possible et cela cause d’une abondance qui se répand entre les différentes classes de la société. Dans un pays civilisé, il y a considérablement des personnes et des travaux qui participent le processus de l’acquisition d’une propriété : par exemple, ce n’est pas une marchandise que l’on trouve dans la vie ultra-luxueuse des grands seigneurs mais même le vêtement de laine sur le dos d’un journalier est le travail conjoint de nombreux ouvriers. Le berger, celui qui trie la laine par type, celui qui drague la laine, le teinturier, le batteur, le fileur, le tisserand, l’imprimeur et le brûleur, etc… tous ces métiers doivent être réunis pour cette simple production. Encore une fois, les marchands et les voituriers sont ceux qui transportent ces matériaux. Par exemple, si nous ajoutons les travaux pour rassembler les colorants utilisés par ceux qui peintre ce vêtement, cette liste devient bien longue : le commerce maritime, les architectes de navires, les galions, les marins, etc. Pour un outil simple que le berger au début de toute cette chaîne a coupé de la laine, c’est-à-dire pour des ciseaux ; le mineur, celui qui fabrique le four où le minerai est fondu, le bûcheron qui coupe l’arbre à bois, le charbonnier qui brûle le charbon pour le fondre, le maçon, le forgeron, le chaudronnier etc. Encore, faut-il que plusieurs personnes qui s’occupent la science et l’art sont nécessaires pour les inventions liées à la production, par exemple pour les médicaments d’un colorant de ce vêtement. Donc, même de la manière la plus simple, du berger au journalier, en ce qui concerne le processus d’un produit simple c’est-à-dire le vêtement de laine, des milliers de gens doivent participer à ce processus et cela demande des efforts et de la coopération. Il ne faut pas oublier que tout ce processus
17 Adam Smith, Richesse des Nations, éd. Jean-Gustave Courcelle-Seneuil, Paris : Guillaumin, 1888, p. 16.
18 Nous pouvons mettre le jour la distinction de la connaissance (knowledge) et l’information (information). Selon cette interprétation, Adam Smith y mentionne « l’information.».
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et l’abondance qui en résulte sont valables pour les classes d’une société civilisée, d’une autre manière, la différence entre les possessions d’un prince européen et d’un paysan économe est moindre que celle entre ce paysan et les biens de nombreux rois africains souverains sur dix mille sauvages.
La deuxième partie du premier livre d’Adam Smith traite du principe de base qui donne lieu à la division du travail. Cela commence par la détermination suivante : La division du travail n’a pas émergé avec la proposition d’une personne qui prévoit les conséquences avantageuses de la division du travail. La division du travail est la conséquence lente et graduelle, mais inévitable d’une certaine disposition, à savoir un penchant qui porte tous les hommes à faire des échanges. Adam Smith déclare que la question de savoir si cette détermination est un principe fondamental de la nature humaine ou une conséquence inévitable des capacités de raisonnement et de parole n’est pas le sujet de cette recherche ; mais selon lui, cette disposition est commune à tous les hommes et il n’existe dans aucune autre espèce animale.19 Entre les animaux, il n’y a pas un accord du genre de division du travail. Bien qu’ils semblent agir ensemble à la poursuite de proies de temps en temps, ce n’est pas à cause d’une sorte d’accord, mais parce qu’ils se réunissent au hasard sur le même objectif. Il n’a pas été observé que les deux chiens aient échangé un os contre un autre os. Parfois, comme chez les humains, lorsque les animaux veulent réaliser quelque chose, ils essaient de gagner les faveurs de ceux dont ils ont besoin. Cependant, on n’a pas toujours le temps de recourir à ce remède, et une société civilisée a toujours besoin de la coopération de nombreuses personnes. Lorsque les animaux arrivent à maturité, ils sont autonomes, dans leur état naturel, ils n’ont besoin de l’aide d’aucun être vivant. L’homme, cependant, a toujours besoin de ses semblables, et cela n’est pas possible qu’avec leur bienveillance, les gens eux-mêmes doivent aussi avoir des intérêts. Il faut s’adresser à leur intérêt personnel, ils doivent comprendre leur propre avantage pour la réalisation d’un échange. Cette formule doit être approximativement comme suivant : « Donne-moi ce que je veux, et tu auras ce que tu veux. »20 Même
19 Selon Smith, c’est la division du travail qui distingue l’homme de l’animal.
20 « Give me that which I want, and you shall have this which you want, »
Adam Smith, An Inquiry Into The Nature And Causes Of The Wealth Of Nations, éd. Edward Cannan, int. par Max Lerner, New York :The Modern Library, 1937, p.14.
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le mendiant ne compte pas entièrement sur la bienveillance. Les gens procurent leurs besoins par l’accord, l’échange, l’achat et le troc et c’est le même penchant de l’échange qui est la cause de la division du travail. Adam Smith tente d’expliquer cela avec un exemple plus simple et primitif, qui est aussi la façon dont la division du travail est née : Dans la tribu des chasseurs et des bergers, une personne fabrique des arcs et des flèches plus rapidement et mieux que les autres et les échange contre de la viande de gibier. Finalement, il constate qu’il a obtenu plus de viande de gibier qu’il n’en a chassé. Ainsi, fabriquer des arcs et des flèches pour son propre intérêt devient de plus en plus l’activité principale de l’homme, si bien qu’il devient armurier. Un autre se spécialise dans la toiture des maisons, et ses voisins le récompensent avec de la viande de gibier. En conséquence, il voit qu’il est dans son propre intérêt d’être menuisier. Les hommes deviennent forgerons, dinandiers, tanneurs de la même manière. Par conséquent, s’assurer que le surplus de tout le travail produit par sa propre consommation puisse être échangé avec celui des autres incite à se consacrer à un travail particulier et à la perfection. Selon Adam Smith, la différence de capacités naturelles entre les hommes est bien moindre qu’on ne le pense. Après l’enfance, ce sont leurs capacités qui distinguent les gens de différentes professions les uns des autres et ces capacités sont le résultat de la division du travail, non sa cause. La différence entre les gens dissemblables, par exemple entre un philosophe et un portefaix, ne procède pas de la nature, mais plutôt de l’habitude, de la coutume et de la formation. Ces gens se ressemblent à la naissance ou à l’âge de six ou huit ans, puis lorsqu’ils commencent à exercer des métiers différents dans les années qui suivent, de plus en plus, une différence se forme. Enfin, le philosophe n’admet plus qu’il y ait même une seule similitude entre eux. S’il n’y avait pas de disposition au troc et à l’échange, c’est-à-dire si chacun procurait les besoins pour vivre par lui-même, chacun aurait les mêmes travaux et il n’y aurait pas de différence de travail qui puisse entraîner des différences de capacités. Cette même disposition est ce qui rend utile cette différence. La différence de capacité parmi les animaux (elle est moins marquée parmi les gens avant de l’effet de la formation et de l’habitude) d’une même espèce procède de la nature. La différence naturelle de capacité et de disposition entre le philosophe et le portefaix ne forme même pas la moitié de la différence entre les espèces canines elles-mêmes ; cependant, les espèces animales du même genre ne sont pas utiles les unes aux autres. Même s’ils sont de la même
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espèce, les capacités différentes n’apportent aucun avantage pour la commodité de la même espèce à cause de l’absence de cette disposition au troc et à l’échange ; parce que ces capacités et dispositions ne peuvent pas se combiner. Chaque animal doit prendre soin de lui-même et se protéger. Ils ne peuvent pas profiter de cette différence. En revanche, chez les humains, les capacités les plus divergentes sont mutuellement bénéfiques. Ils transforment les résultats de leurs capacités individuels en une richesse commune, grâce à la disposition au commerce, au troc et à l’échange. À la suite de tout cela, pour ses besoins, chacun peut acheter une portion du produit qui est le résultat des capacités d’autres personnes.
Puisque la raison de la division du travail est le pouvoir d’échanger, sa limite est déterminée par le pouvoir d’échange, en d’autres termes ; limitée par l’étendue du marché. Si le marché est petit, personne ne veut effectuer un seul travail à cause de l’absence de l’occasion d’échanger le produit du travail restant de sa propre consommation. Certains types de travaux ne peuvent être effectués que dans une grande ville. Par exemple, le village est une zone très étroite pour un portefaix ; même un marché de la ville est trop petit pour lui trouver un travail permanent pour sa subsistance. Encore une fois, dans les petits villages et les maisons dispersées dans les montagnes d’Écosse, chaque cultivateur doit être le boucher, le boulanger et le brasseur de sa propre famille. Dans ces régions, la distance entre un forgeron, un menuisier, un maçon et une autre personne exerçant le même métier est assez élevée. Des familles qui se sont installées dans un endroit un peu plus loin de ces ouvriers doivent apprendre à faire leurs petites affaires. Ceux qui travaillent dans la campagne doivent s’occuper avec toutes les branches d’un travail. Par exemple, un charpentier effectue toutes sortes de travaux en ce qui concerne le bois tandis qu’un serrurier s’occupe de tous les travaux de ferronnerie. Le premier est aussi menuisier et ébéniste. Il fait des sculptures en bois et il produit de la charrue et de la voiture. Les travaux de cette deuxième sont tout aussi diversifiés. Par exemple, il n’y a pas d’industrie du genre la clouterie à la campagne ; parce que ceux qui vivent dans cette région ne peuvent pas consommer la production d’un jour de cette industrie en un an. Les frais du commerce par mer (le transport par eau) sont moindres que par voie terrestre. Ce type de transportation munit beaucoup plus de fret, des distances beaucoup plus longues avec moins de personnes et plus de sécurité. Pour ces raisons, puisqu’elle maintient un marché plus étendu ouvert à toutes sortes d’industries,
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naturellement toutes sortes d’industries commencent à s’accroître par la division en sections le long des rivages de la mer, le long des fleuves. Pour cette raison, ces industries commencent à s’accroître plus tard dans les parties terrestres des pays. Les premières nations civilisées se trouvent dans les côtes méditerranéennes ; parce que la Méditerranée est la plus grande des mers intérieures, il n’y a pas de marée, pas de fluctuations à part le vent, c’est calme, de nombreuses îles et côtes sont proches. Elle convient à tous égards à la naissance du maritime mondiale. On prétend que l’Égypte, située sur la côte méditerranéenne, est le premier pays à développer de manière significative l’agriculture et l’industrie. La cause fondamentale de ce développement est le fleuve Nil qui est utilisé pour la transportation intérieure de l’Égypte. Comme les anciens Égyptiens, les Indiens et les Chinois n’encourageaient pas le commerce étranger ; cependant, on pense qu’ils ont acquis une grande opulence à cause de la navigation intérieure par le fleuve Gange. La raison pour laquelle l’Afrique intérieure et l’Asie centrale sont barbares et non civilisées est le manque de voie navigable ou l’inconvénient des fleuves ou leur éloignement les uns des autres. Enfin, il faut ajouter que si une partie des territoires qui traversent les fleuves et qui arrivent à la mer appartiennent à une autre nation, le commerce ne peut pas être bénéfique et en grande quantité.
Une fois la division du travail établie, la part qu’une personne peut procurer ses besoins avec le produit de son propre travail, est une petite partie de ses besoins ; il suscite la plupart de ses besoins en échangeant le surplus du produit du travail restant de sa consommation avec d’autres dans la même situation. Cela signifie que tous les hommes vivent de l’échange et qu’ils sont les marchands en quelque sorte, et que la société est une société commerçante. Au début de l’établissement de la division du travail dans la société, il y a des difficultés dans les activités d’échange. Par exemple, le boucher a plus de viande qu’il ne peut en consommer ; et il a déjà procuré ses besoins comme du pain et de la bière. Alors, il ne peut y avoir d’échange entre le boucher et ces deux : le boulanger et le brasseur qui ont besoin de viande. Ils ne peuvent pas être utiles les uns aux autres. Après l’établissement de la division du travail dans la société, toute personne prévoyante s’efforce de garder sur elle à tous les temps une certaine quantité des marchandises diverses autre que ses propres produits. Il est possible que différents objets aient été nécessairement utilisés pour surmonter cette difficulté. Par exemple, dans les âges grossiers de la société, pour faire du commerce, on utilisait
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les bêtes, le sel en Abyssinie, les coquillages dans certaines régions côtières de l’Inde, le poisson Molina sèche à Terre-Neuve, le tabac en Virginie, le sucre aux Antilles, les peaux ou le cuir tanné dans certains autres pays. Selon une rumeur, on utilisait les clous pour l’échange dans un village en Écosse… Plus tard, d’une manière ou d’une autre, les métaux sont préférés dans tous les pays parce que les métaux avaient certaines propriétés : ils s’usent moins, ils peuvent donc être stockés avec moins de déchets. Ils peuvent être divisés en plusieurs parties sans se désintégrer et recombinés par fusion. Ils deviennent ainsi un moyen de commerce et de circulation. Avec ces qualités, ils facilitent les différentes difficultés dans les objets ci-dessus, et surtout, par les métaux, le calcul du prix montant exact pour une marchandise lors du commerce devient possible. Au début, les métaux en barres comme le fer, le cuivre, l’or et l’argent sont non marqués et non empreints. Ensuite, à cause de la difficulté de les peser et de vérifier l’aloi (la pureté des métaux) et de la corruption en mélangeant les métaux, le symbole du pouvoir politique (un timbre principal) est imprimé sur les métaux. C’est ainsi que l’hôtel de monnaie est né. Les processus de pesée continuent pendant longtemps, parce que les timbres d’un côté indiquent l’aloi et n’indiquent pas de poids. La difficulté de peser avec exactitude la cause d’invention du coin, à savoir que le timbre couvre les deux faces et parfois la tranche ; il devient possible d’accepter en comptant parce qu’il indique non seulement l’aloi, mais aussi le poids. Les princes et les gouvernements réduisent graduellement les métaux purs dans leurs pièces. Cela est généralement en faveur des débiteurs contre les créanciers et cela parfois devient un grand tort pour tous. En conséquence, la monnaie est devenue le moyen utilisé par tous dans le commerce et l’échange des marchandises dans toutes les nations civilisées.
Les règles que les gens respectent naturellement lorsqu’ils utilisent de la monnaie déterminent les deux valeurs différentes des marchandises, comme la valeur relative et la valeur d’échange.21 La
21 Adam Smith ne se réfère pas à Aristote qui mentionne cette différence dans Les Politiques comme suit :
« Commençons l’étude de la chrématistique par ceci : de chaque objet possédé il y a un double usage ; dans les deux cas, il s’agit d’un usage de la chose en tant que telle, mais pas en tant que telle de la même manière : l’un est propre et l’autre n’est pas propre à l’objet. Ainsi, une chaussure sert à chausser et à être échangée ; [10] ce sont bien deux usages d’une chaussure
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valeur a deux significations différentes ; parfois, cela signifie l’utilité de l’objet, et parfois le pouvoir d’acheter une autre marchandise par la possession de cet objet. La première est la valeur d’usage et la seconde est la valeur d’échange. Les choses qui ont une grande valeur à utiliser peuvent avoir peu de valeur à changer, comme l’eau ; l’eau qui nous permet de vivre n’a pas de prix, mais on ne peut presque rien acheter avec elle ; cependant, alors que la valeur d’usage des diamants n’est presque rien ; ils peuvent être échangés contre une quantité considérable de marchandises. Adam Smith pose ces trois questions pour les principes déterminant la valeur d’échange d’une marchandise : « quelle est la véritable mesure de cette valeur en échange, ou en quoi consiste le prix réel des marchandises »22, « quelles sont les parties différentes qui composent ce prix réel »23 et enfin, quelles sont les circonstances qui augmentent ou diminuent ces parties du prix par rapport à leurs niveaux naturels ou ordinaires ? Quelles sont les raisons qui empêchent le prix du marché (le prix actuel) des marchandises du même que le prix naturel ?
Une personne est définie comme riche et pauvre proportionnellement à la possibilité de bénéficier de choses nécessaires, utiles et agréables à la vie. Quand la division du travail est établie, il acquiert peu de ces choses par son propre travail. Elle est riche ou elle est pauvre, selon la quantité de travail qu’il peut commander ou acheter. Alors, pour le propriétaire d’une chose qui n’a pas l’intention d’utiliser ou de consommer, mais qui a l’intention d’échanger, la valeur est égale à la quantité de travail qui permet au propriétaire de cette chose d’acheter ou de commander. « Le travail est donc la mesure réelle de la valeur en échange de toute marchandise. »24 Le prix réel, le vrai coût, c’est le tourment et la peine d’acquérir cette chose pour ceux qui la veulent. Pour ceux qui possèdent quelque chose et souhaitent le vendre ou l’échanger, la vraie valeur de cette chose est mesurée par le travail
en tant que telle, car celui qui troque une chaussure avec celui qui en a besoin contre de l’argent ou de la nourriture se sert aussi de la chaussure en tant que chaussure, mais pas selon son usage propre : en effet, elle n’a pas été fabriquée en vue du troc. Et il en est de même pour les autres choses que nous possédons. »
Aristote, Œuvres Complètes…, 1257a, p. 2335.
22 Adam Smith, Richesse des Nations, pp. 46-47.
23 Ibid., p. 47.
24 Ibid., p. 48.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 197.
et la peine qu’il peut se décharger de lui-même et charger aux autres. Ce qui est acheté avec de la monnaie ou des marchandises en fait, est acheté avec du travail. Ils nous soulagent réellement de cette fatigue. Le travail est le premier prix de tout, elle est la valeur qui est payée comme prix d’achat initial. Toutes les richesses du monde sont achetées non avec de l’or et de l’argent, mais avec du travail. La valeur de la richesse est égale à la quantité de travail qui rend possible d’acheter ou de commander, pour les hommes riches qui désirent de l’échanger contre les nouveaux produits. Quoique le travail soit la mesure réelle de la valeur d’échange des marchandises ; ils ne sont souvent pas évalués par le travail parce qu’il est difficile de calculer la proportion entre deux quantités de travail différentes. Par exemple, la durée consacrée à deux travaux distincts ne détermine pas la proportion entre eux. Il faut ajouter l’effort et les compétences nécessaires. Une heure de dur travail peut contenir plus de l’effort que ce qui est consacré à un travail facile de deux heures. Ou bien, une heure de travail dans un travail qui nécessite une formation et une expérience de dix ans peut être plus qu’un mois de travail dans un travail ordinaire. Il n’est pas facile de trouver la mesure exacte de l’effort ou de la maîtrise. Lors de l’échange des produits du travail, ceux-ci sont calculés dans une certaine mesure. Cependant, il n’y a pas d’exactitude, elle est déterminée par le marchandage, à savoir une longue discussion sur le prix de marché c’est-à-dire que même si elle n’est pas certaine, elle est déterminée selon cette égalité sommaire qui suffit pour le fonctionnement des affaires dans la société. Il est plus facile d’apprécier la valeur d’échange de l’article avec un autre article plutôt que le travail par lequel l’article peut être acheté. Pour la plupart des gens, la quantité de marchandises est plus facile à comprendre que la quantité de travail parce que l’un « est un objet simple et palpable ; l’autre est une notion abstraite ».25 Quand la monnaie est commencée à être utilisée au lieu du troc, les marchandises deviennent échangeables contre de la monnaie, et non contre les autres marchandises. Ainsi, la valeur des marchandises est-elle évaluée par la monnaie, parce qu’il est facile de dire la valeur de la monnaie. Pour cette raison, la valeur d’échange des marchandises est évaluée par la monnaie au lieu de la quantité de travail ou des autres marchandises. Cependant, comme toute marchandise, la valeur de l’or et de l’argent varie selon leur production dans les mines. En dernière analyse, si la valeur d’une marchandise change, elle ne peut pas être une mesure de la valeur d’une
25 Ibid., p. 51.
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autre marchandise. Mais la valeur du travail, qui jamais ne varie, est la mesure réelle pour les évaluer. On peut dire qu’une quantité égale de travail pour l’ouvrier a une valeur égale partout et à tout moment ; l’ouvrier sacrifie son repos, sa liberté et son bonheur toujours le même montant. On peut dire qu’une quantité égale de travail pour l’ouvrier a une valeur égale partout et à tout moment ; l’ouvrier sacrifie son repos, sa liberté et son bonheur toujours au même montant. Le prix d’une marchandise change par rapport au travail, si c’est facile, il est moins cher et vice versa. Le travail est la mesure réelle qui a le dernier mot sur la valeur des choses. « Il est leur prix réel »26 et la monnaie est leur prix nominal. Le premier a toujours la même valeur, tandis que le prix nominal peut changer. Cela est la réponse d’Adam Smith à sa question sur la véritable mesure de cette valeur en échange, ou en quoi consiste le prix réel des marchandises.
Dans les premières étapes de la société, la seule condition qui détermine la règle dans l’échange des marchandises est la proportion entre les quantités de travail nécessaires pour acquérir ces choses, tandis que tout le produit du travail appartenait à l’ouvrier. Mais dans les étapes où la société se développe, il y a trois différentes parties qui composent ce prix réel : la première est la quantité du travail, la deuxième est le profit du capital par son accumulation et le troisième est la rente de la terre par sa transformation à la propriété privée. Premièrement, la quantité du travail pour produire une marchandise est la seule condition qui détermine la quantité du travail pour l’échanger contre laquelle cette marchandise doit acheter. Deuxièmement, l’employeur ne peut avoir intérêt à employer les ouvriers, à moins qu’il n’attende de la vente de leur travail de plus que ce qui lui suffit pour lui remettre son capital ; et il n’y a aucun intérêt à utiliser un grand capital plutôt qu’un petit, à moins que ses profits ne soient proportionnés à l’étendue de son capital. Alors tout le produit du travail n’appartient pas toujours à l’ouvrier ; il doit le partager avec le propriétaire du capital. Troisièmement, du fait que le terrain est devenu propriété privée, la rente de terre se dessine. Lorsque la terre est une propriété commune, le prix est uniquement déterminé par le travail qui nécessite de collecter les produits. Mais, s’il est propriété privée, un prix est ajouté pour la permission de percevoir sur les produits collectés ou une partie de celles-ci doit être donnée au propriétaire. En dernière analyse, le prix total d’une marchandise doit
26 Ibid., p. 54.
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éventuellement se transformer à l’une ou l’autre de ces trois parties, ou l’ensemble de ces trois. Le prix de toutes les marchandises, qui constituent toute la richesse de chaque pays, se divise en trois parties dans son ensemble. Il doit être partagé entre les habitants de ce pays, soit comme salaire de leur travail, soit comme profit de leur capital, soit comme rente de leur terre.
Dans chaque société, il y a une proportion de salaires traditionnels du travail, celle de rente de la terre, celle du profit du capital. Elle est déterminée par les conditions générales de la société et en partie par le genre du travail. Ces proportions moyennes habituelles peuvent être nommées comme le taux naturel des salaires, du profit et de la rente. Le prix naturel signifie un prix suffisant (ni plus ni moins) pour payer la rente de la terre, le salaire du travail, le profit du capital conformément aux taux naturels. La différence entre le prix naturel et le prix primitif est le profit du vendeur qui constitue son revenu pour vivre. Le prix du marché est le prix auquel une marchandise est effectivement vendue.
Si la quantité des marchandises amenée au marché reste inférieure à la demande effective, c’est-à-dire si les marchandises sont peu nombreuses, il y a une concurrence pour l’achat et cela cause du prix de marché à augmenter au-dessus du prix naturel. Le même manque dans la quantité des marchandises peut accroître la concurrence selon l’importance de les acquérir. C’est pourquoi le prix des marchandises essentielles pour la vie augmente lorsque la ville est assiégée ou en période de famine. Lorsque la quantité des marchandises livrée au marché dépasse la demande effective, le prix de marché reste inférieur au prix naturel. Il y a plus de concurrence pour vendre une marchandise relativement moins durable comme des fruits frais. Si la quantité livrée au marché et la demande effective sont identiques ou très proches, le prix naturel et le prix du marché sont aussi identiques. La quantité de chaque marchandise dans le marché s’ajuste ainsi à la demande effective. Si la quantité ne dépasse pas à la demande effective, c’est bien pour ceux qui emploient leur travail, leur terre et leur capital, cela est ce qui émerge l’intérêt de tous. C’est bien pour tous les autres, si elle ne diminue jamais à l’inférieur de cette demande. Lorsque la quantité dépasse la demande effective et lorsque les trois parties (la quantité du travail, le profit du capital, la rente de la terre) sont payées moins que le prix naturel, leurs intérêts propres les conduisent à retirer les marchandises. Donc, la quantité diminue et le prix total retrouve le prix
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naturel, et le prix payé pour la marchandise remonte à ses proportions naturelles. Et si la quantité diminue à l’inférieur de cette demande, sous la même forme, plus de marchandises sont amenées au marché et le prix naturel est à nouveau approché. Par conséquent, le prix naturel est le prix central autour duquel tournent les prix de toutes les marchandises. Même si pendant longtemps les diverses circonstances causent de la volatilité dans les prix, ils se dirigent toujours vers le prix naturel. Dans certains travaux (en particulier dans l’agriculture), différentes quantités des marchandises sont produites au cours des différentes années, tandis que dans certains travaux (dans l’industrie), plus ou moins la même quantité de celles-ci est produite chaque année. C’est une des raisons des fluctuations de prix. Par exemple, quand tous les habitants s’endeuillent, le prix du drap noir augment. Les causes naturelles, les productions naturelles qui nécessitent des différences de sol et de localisation, le secret des inventions réduisant les prix primitifs ou le secret du prix haut du marché, les privilèges de monopole, les réglementations policières, sont efficaces sur les différences de prix. Le prix naturel varie selon la proportion naturelle de chacune des parties du salaire, du profit et de la rente de la terre et il est différent dans chaque société selon les conditions. Adam Smith explique les causes de ces conditions (richesse, pauvreté, société en développement, en stagnation ou en déclin) et il examine les salaires du travail, les profits de capital, les salaires du travail et les profits de capital dans différents domaines de travail, les inégalités liées à la nature du travail, les inégalités dues à la politique européenne et à la rente de la terre.
Ainsi, Adam Smith conclut-il son premier livre, La richesse des nations, dans lequel se trouve son premier et principal argument sur la division du travail, avec ces études. À la fin du premier livre, on trouve des digressions sur l’or et l’argent, sur les effets du progrès dans la richesse nationale sur les prix réels des produits manufacturés et de trois types de produits bruts. Adam Smith mentionne parfois la division du travail dans ces digressions. Parmi ceux-ci, dans la troisième période de la digression intitulée « Des variations de la valeur de l’Argent pendant le cours des quatre derniers siècles » (la première période, où un quarter de blé égal quatre onces d’argent, entre 1350 et 1570, quand il est égal deux onces d’argent, c’est la deuxième période, entre la découverte des mines en Amérique en 1570 et la fin des effets de la baisse de la valeur de l’argent en 1640, la troisième période, entre 1640 et 1700, il y a une guerre civile, l’exportation de céréales est soutenue, l’aloi de l’argent
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est diminué à cause de l’avilissement) Adam Smith mentionne l’étendue du marché des produits des mines d’argent depuis la découverte de l’Amérique. Tout en expliquant que les colonies britanniques, espagnoles et portugaises sur ce continent sont de nouveaux marchés, Adam Smith examine les exemples du Mexique et du Pérou. Il prétend que le Pérou, le pays plus développé parmi les colonies est encore plus ignorant que le pays des Tatars ukrainiens qui utilise l’or et l’argent comme seulement ornements, qui n’a pas de pièces de monnaie et que le troc est la seule méthode pour le commerce, par conséquent, il n’y a pas de division du travail. Ceux qui cultivaient la terre doivent produire toutes les choses par eux-mêmes comme leurs maisons, les articles ménagers, les vêtements, les chaussures et les outils agricoles. Les quelques artisans parmi eux subsistent par les aides des dirigeants, nobles ou prêtres, et ils sont leurs serviteurs et serviteurs. Tous les arts anciens du Pérou n’ont donc pas donné à l’Europe un seul produit manufacturé. La section dans laquelle il examine les effets du progrès de la richesse nationale sur le prix réel des produits manufacturés commence par l’hypothèse que la diminution progressive du prix réel de presque tous les produits manufacturés est une conséquence naturelle du développement. Le prix réel du travail dans l’industrie manufacturière diminue pour tous ces produits parce que, comme conséquence naturelle du développement, il faut moins de travail pour effectuer n’importe quelle partie du travail, grâce à de meilleures machines, à une plus grande ingéniosité et à une division et une distribution plus commode du travail.
Lorsque la société est en progrès, on s’attend à ce que le prix réel du travail augmente ; cependant, la diminution de la quantité de travail compense l’augmentation possible du prix. Cependant, pour quelques produits manufacturés, si le prix réel des matières premières augmente, cela supprime toutes les conséquences naturelles du développement, comme la division du travail la plus commode. Par exemple, le bois pour la charpente, la menuiserie… Cependant, si la matière première n’est pas efficace, le prix des produits diminue fortement sous l’effet de progrès. Par exemple, cette diminution de prix est très marquée dans les secteurs qui utilisent les métaux grossiers comme la matière première. Il y a eu une chute des prix des produits fabriqués avec cette matière première en Angleterre et les ouvriers en Europe étaient étonnés ; parce qu’ils ne pouvaient pas produire avec la même qualité pour deux ou trois fois le prix de la marchandise. La division du travail dans les secteurs qui utilisent les métaux grossiers comme la matière
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première peut être portée au plus haut niveau ou que les machines sont très adaptées pour apporter des améliorations dans ces secteurs, ce sont les raisons pour cette diminution de prix. Dans la manufacture de textile, la division du travail est la même qu’il y a un siècle (dix-septième siècle), et les machines n’en sont pas très différentes. Pour cette raison, quoiqu’il ne soit pas de diminution sérieuse des prix, si on compare les prix du quinzième siècle et dix-septième siècle, il sera une différence significative. Donc, Adam Smith considère la division du travail commode comme la conséquence naturelle du développement et il la détermine comme l’une de ces raisons de la diminution du prix réel des produits manufacturés.
Le deuxième livre de cette œuvre commence par la division du travail comme le premier livre. Selon Adam Smith, dans une société grossière où il n’y a pas de division du travail et où l’échange se réalise rarement, c’est-à-dire où chacun procure ses propres besoins, l’accumulation n’est pas nécessaire pour conduire les affaires d’une personne qui chasse dans la forêt quand elle a faim, qui revêt la peau du premier animal qu’elle chasse, quand ses vêtements sont crevés, et qui répare sa hutte usée avec les broussailles les plus proches. Lorsque la division du travail est établie, son propre travail ne peut suffire qu’à très peu de ses propres besoins. Ces besoins ne sont pourvus qu’avec le produit du travail d’autrui, c’est-à-dire qu’ils changent avec le produit de leur propre travail ou qu’ils achètent par le prix de celui-ci. Il n’est pas possible pour une personne d’acheter ce dont elle a besoin tant qu’elle n’ait pas achevé le produit de son travail et le vend. Pour cette raison, jusqu’à ce que ces deux se réalisent, une sorte de stock de marchandises doit avoir été accumulé à l’avance pour fournir les matériaux nécessaires au travail pour subsister. Cette accumulation doit y être avant que cette personne ne se consacre à un seul travail pour produire le produit.
Puisque, l’accumulation du capital doit naturellement précéder la division du travail, le travail peut être de plus en plus subdivisé en proportion de l’accumulation toujours croissante du capital. La quantité de matière disponible pour un même nombre de personnes augmente en proportion de l’intensité de la division du travail. Par cela, les fonctions que chaque ouvrier doit effectuer deviennent de plus en plus simples et les nouvelles machines sont inventées pour faciliter et raccourcir ces fonctions. Par conséquent, à mesure du développement de la
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division du travail, pour le même nombre d’ouvriers qui continuent à travailler, il faut garder plus des matières et des instruments à l’avance qu’auparavant, parce que l’augmentation du nombre des ouvriers permet plus de classer et de subdiviser le travail. Le nombre des ouvriers dans un travail augmente également avec la division du travail dans ce travail, parce qu’il y a nouvelles branches dans ce travail.
L’accumulation préalable des fonds de capital est nécessaire pour ce développement des pouvoirs productifs du travail. La personne qui utilise cette accumulation en employant les ouvriers vise au plus de production possible, c’est pourquoi il essaie d’établir la division du travail la plus commode et d’acheter les meilleures machines. Tous les deux dépendent de la grandeur du capital, c’est-à-dire proportionnellement au nombre des ouvriers qu’il peut employer. Par conséquent, la quantité de travail dans le pays dépend de la quantité de capital qui emploie, à mesure que ce dernier augmente, le premier augmente également, et par conséquent la même quantité de travail produit plus de production. Ce sont les effets de l’augmentation d’accumulation de capital sur le travail et sur les pouvoirs productifs du travail.
Le concept des fonds peut être interprété de deux manières différentes : la première est la partie qui est consommée pour maintenir la vie, la seconde est la partie qui est dirigée vers la production afin de faire du profit et d’augmenter la richesse. Adam Smith considère qu’il existe deux manières différentes pour ce dernier, la première est le capital circulant et l’autre est le capital fixe, et il examine la division des fonds de capital.
Ensuite, le deuxième chapitre commence par une référence aux salaires du travail, au profit du capital et à la rente de la terre, où les prix des marchandises mentionnés dans le premier livre se transforment en trois parties. Dans le premier livre, Adam Smith détermine tel qu’il s’applique à chaque marchandise individuelle, ainsi qu’à l’ensemble du produit annuel de chaque pays, considéré dans son ensemble, et que celui-ci se transforme en ces mêmes trois parties et se répartit entre les différentes classes de la population sous la forme de ces trois parties. Il y a une distinction entre le revenu brut et le revenu net lorsque l’on considère l’ensemble du revenu annuel réparti entre les différents résidents d’un pays. Le prix d’entretien du capital fixe d’un pays est comparable au prix d’entretien du capital fixe d’un individu,
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alors que le capital circulant d’une société n’est pas comparable à celui d’un individu. Ces deux sont différents : pour un individu, la monnaie représente le capital circulant et pour une société, la monnaie représente le capital fixe. À l’égard d’une société, la monnaie ressemble plus à du capital fixe en ce qu’il n’augmente pas le stock mis de côté pour la consommation directe, mais il sert comme un moyen de commerce. À partir de là, Adam Smith examine la monnaie, le papier-monnaie et la banque à travers ce chapitre et il le conclut par cette détermination suivante : en général, si une branche du commerce ou la division du travail est avantageuse au public ; dans la circonstance où la concurrence devient plus libre et plus générale, ils deviennent plus avantageux.
Le troisième livre d’Adam Smith, dans lequel il examine les diverses formes de progrès de l’opulence dans différentes nations, commence par souligner à la division du travail comme les deux premiers.
Dans les sociétés civilisées, l’échange entre les habitants de la ville et ceux de la campagne est nommé comme le grand commerce. Il est un échange direct de matière première avec un produit manufacturé au moyen de la monnaie ou d’une sorte de papier représentant de la monnaie. Dans l’échange entre la ville et la campagne, la ville reçoit des moyens de subsistance et les matériaux premiers pour manufactures, tandis que la campagne reçoit une partie du produit manufacturé. Leurs avantages sont réciproques : « Et en ceci, comme en toute autre chose, la division du travail tourne à l’avantage de chacune des différentes personnes employées aux tâches particulières dans lesquelles le travail se subdivise. »27. La quantité du travail nécessaire aux habitants de la campagne pour produire eux-mêmes les produits manufacturés, est vraiment plus que la quantité du travail (le produit de leur travail) avec laquelle ils achèteront les produits manufacturés à la ville.
Le surplus des produits dans la campagne et les produits qui restent après de la consommation des habitants de la campagne fournissent un marché pour la ville, ce qui signifie que ces habitants échangent ce surplus contre quelque chose qui se trouve dans la ville. Alors l’étendue du marché signifie un accroissement d’utilité général.
27 Adam Smith, Richesse des Nations, p. 230.
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En raison de la nature des choses, les marchandises nécessaires à la vie ont plus d’importance que le confort et le faste, de sorte que le travail pour procurer les besoins qui sont nécessaires pour la vie doit avoir une priorité sur le travail qui fournit les autres marchandises. Donc, l’amélioration de la campagne doit être antérieure au développement des villes. Compte tenu de cette réciprocité, c’est le surplus des produits de la campagne qui est indispensable pour la subsistance de la ville c’est-à-dire le surplus des produits qui reste après la pension alimentaire des habitants de la campagne et finalement le surplus du produit du travail dans la campagne est ce qui va augmenter cela. Les habitants de la ville peuvent apporter toutes les marchandises nécessaires à la ville, non pas de la campagne proche, mais de pays plus lointains, voire très lointains. Quoique cela ne viole pas le principe général mentionné, les différences importantes apparaissent dans diverses nations par le progrès de l’opulence. Partant du principe général qui émerge de cet accent sur la division du travail, Adam Smith examine ces formes de développement dans différentes nations.
Le quatrième livre traite des systèmes d’économie politique (le système mercantile et le système de l’agriculture). Dans la première partie de ce livre, Adam Smith examine le principe fondamental du système mercantile comme sujet principal, il explique et critique diverses opinions générales. La richesse ne consiste pas dans la monnaie, en or ou en argent, la richesse consiste en ce que la monnaie achète. La monnaie est une petite partie du capital national, même la partie la plus futile. L’importance de la monnaie est le fait qu’il s’agit d’un outil accepté et enraciné dans le commerce. La marchandise sert aux fins plusieurs autres que l’achat, mais la monnaie ne sert qu’à acheter des marchandises. En résumé, elle n’a aucune valeur sur elle-même, au mieux, l’or et l’argent peuvent être une espèce de meuble de ménage. Encore une fois, l’opinion selon laquelle il est mauvais d’échanger des marchandises durables avec des marchandises périssables est également fausse. Par exemple, si le pays (l’Angleterre) n’importe pas du vin français à cause de cette opinion avec laquelle on garde les marchandises durables tels que les ustensiles, enfin ce pays devient un pays plein des casseroles en raison de l’accumulation de marchandises durables pendant des siècles. Cependant, ce nombre d’ustensiles est limité par le besoin, et si la quantité de nourriture augmente, ce nombre d’ustensiles augmente également. De même, le besoin de ces métaux implique une limite à la quantité d’or et d’argent dans un pays. Le
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progrès de l’opulence dans le pays apportant ou gardant des quantités inutiles d’or et d’argent dans le pays, ressemble ce qui essaie d’épurer le goût des gens en ayant plus d’ustensiles de cuisine que nécessaire.
Certains pays ont interdit l’exportation d’or et d’argent ou ils les ont assujetti à l’impôt énorme, avec l’idée qu’ils seraient riches par l’accumulation de l’or et de l’argent dans leur pays ; mais si l’or et l’argent sont accumulés au-delà de ce qui est nécessaire, aucune loi ne peut empêcher qu’ils soient sortis du pays, puisqu’ils sont faciles à transporter et que la perte économique est trop grande s’ils ne sont pas utilisés. Mais l’importation d’or et d’argent n’est pas le principal avantage ou le seul avantage d’une nation bénéficiant du commerce extérieur. Le commerce extérieur donne deux avantages différents : par cela, c’est possible de vendre la partie surplus de la terre et du travail (la partie non demandée dans le pays) et d’acheter (d’échanger) quelque chose demandé. Donc, en le remplaçant par quelque chose qui répondra au besoin, cela cause d’une évaluation un surplus inutile. Donc, le fait que le marché intérieur ne soit pas assez étendu, n’empêche pas la division du travail dans l’art ou l’industrie quelconque d’atteindre le niveau final de maturité. C’est le deuxième avantage du commerce extérieur qui ouvre un nouveau marché, permettant le développement des pouvoirs productifs du travail et l’accroissement de la richesse. Il est donc bénéfique pour tous les pays (mais premièrement le pays où réside le marchand). En dernière analyse, le commerce extérieur assure l’intensification de la division du travail. Quoique l’importation d’or et d’argent soit la tâche du commerce extérieur dans le pays où il n’y a pas d’exploitation minière, c’est une partie très insignifiante du commerce extérieur, parce que la valeur de la monnaie (l’or et l’argent) est liée uniquement au pouvoir d’achat.
Adam Smith consacre une grande partie du quatrième livre (huit des neuf chapitres) au système mercantile. Dans la deuxième partie de ce livre, Adam Smith utilise la célèbre expression de la main invisible pour expliquer qu’il existe une harmonie entre l’intérêt personnel et l’intérêt public. Selon lui, lorsqu’un homme n’a aucune intention quant à l’intérêt public, mais n’agit qu’en pensant à son propre gain, une main invisible lui conduit à protéger l’intérêt public encore plus que dans la circonstance ayant une intention de rechercher l’intérêt public. Après avoir examiné le système mercantile, il traite le système de l’agriculture dans le neuvième chapitre. L’économie politique des nations européennes
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modernes donne la priorité à l’industrie et au commerce extérieur, qui est l’activité principale dans les villes, tandis que l’économie politique des autres nations donne la priorité à l’agriculture.
Comme exemple du système de l’agriculture, Adam Smith examine la politique suivie par la Chine et encore une fois, il répète son argument concernant la division du travail : la division du travail est la cause de la perfection dans l’industrie manufacturière c’est-à-dire que cette perfection dépend totalement de la division du travail. La mesure dans laquelle la division du travail peut être introduite dans une manufacture quelconque est nécessairement déterminée par l’étendue du marché. L’empire de la Chine est un exemple différent, parce que sans le commerce extérieur, l’étendue presque illimitée de cet empire, sa surpopulation, la diversité du climat et de la production dans ses différentes régions, la facilité de transport par cette voie d’eau, lui donnent la possibilité de soutenir à lui seul une très grande industrie. Par conséquent, l’étendue du marché intérieur de l’empire de la Chine est suffisante pour l’établissement d’importantes divisions et sous-divisions du travail. Cette étendue du marché est peut-être supérieure à celle de tous les pays européens réunis. Quoique l’empire de la Chine soit un exemple exceptionnel sans les avantages du commerce extérieur, les effets positifs du commerce extérieur sur la division du travail et sur l’apprentissage de différentes machines et de différents métiers ne changent pas en principe. Si le commerce extérieur de l’empire de la Chine ne se limite pas au Japon, il offrira également ces avantages.
Le sujet du cinquième et dernier livre d’Adam Smith est le revenu du souverain ou de l’État. Le premier chapitre de ce livre est sur leurs dépenses nécessaires. Adam Smith divise ce livre en sections selon les trois taches fondamentales du souverain ou de l’État. Le premier devoir du souverain ou de l’État est de protéger la société contre les attaques ou l’invasion, c’est pourquoi il examine les dépenses de défense. Le deuxième est la distribution de la justice et de protéger chaque individu de la société contre l’injustice et ainsi il examine les dépenses judiciaires. Dans le troisième, il examine les dépensés pour les travaux et les établissements publics, ce sont les travaux qui facilitent le commerce du la société et faire progresser l’éducation du peuple. Adam Smith mentionne la division du travail dans la première section et la troisième section de ce premier chapitre.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 208.
Il n’est possible de protéger la société des attaques ou des invasions qu’avec la force militaire. Les dépenses pour la force militaire en temps de guerre et de paix sont différentes selon les conditions et les périodes historiques des sociétés.
Dans les tribus de chasseurs rudimentaires de la société (comme les tribus indigènes d’Amérique du Nord), chaque homme est à la fois chasseur et guerrier. En temps de guerre, il vit par son travail comme il est chez lui. Puisqu’il n’y a pas de véritable souverain ou d’État dans cette communauté, il n’y a aucune dépense pour les guerriers en temps de guerre ou de paix.
Chaque homme est aussi un guerrier dans les tribus de bergers (Tatars et Arabes sont les exemples de ce genre), qui sont un peu plus avancées que la société précédente. Ces tribus sont nomades et n’ont pas d’habitation fixe. C’est pourquoi toutes les membres de cette communauté partent à la guerre toutes ensemble (les femmes, les enfants et les vieux) et les activités en plein air de leur vie ordinaire les préparent spontanément à la guerre. Ils vivent de leurs troupeaux et de leur bétail en guerre ou de paix. Le seul intérêt de leur souverain est de trouver une occasion de butin au combat.
Dans un état de société encore plus avancé, dans une tribu agricole, chaque homme est aussi un guerrier ou ils deviennent facilement des guerriers à cause de la similitude du travail agricole et de la guerre. Il n’y a presque aucune dépense pour le souverain ou l’État. Même à un niveau très basique, une vie sédentaire est nécessaire pour l’agriculture. Dans les circonstances où la guerre ne dure pas très longtemps, le cultivateur peut servir gratuitement la fonction de guerrier ; parce que pendant la guerre, les vieux, les femmes et les enfants peuvent facilement s’occuper du reste du travail de l’agriculture. Si la période de la guerre est après le temps de semis et avant la récolte, cela entraîne une dépense moins importante pour l’État ou le souverain. Ceux qui peuvent faire le service militaire à ces étapes de la société sont jusqu’à un quart ou un cinquième de la société.
Dans la société civilisée, il est impossible à ceux qui partent en guerre de vivre avec son propre travail à cause du développement dans l’industrie et du perfectionnement dans l’art de la guerre. Alors que le cultivateur dans l’exemple précédent ne perd pas son revenu grave,
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 209.
surtout si la guerre est dans la période appropriée pour lui. Dès qu’un artisan, un forgeron, un charpentier, un tisserand quitte leur atelier, leur seule source de revenus disparaît. Avec le développement de l’industrie, dans un pays où la plupart de ses habitants sont des artisans et des ouvriers, ces gens participent naturellement à la guerre pour protéger l’État et donc, l’État doit couvrir leurs dépenses.
Encore une fois, l’accroissement de la complexité de l’art de la guerre prolonge la durée de la guerre et il augmente les frais de ceux qui partent en guerre parce qu’ils sont éloignés de leurs travaux habituels pendant longtemps.
À l’étape civilisée de la société, par exemple, dans l’Europe moderne, le nombre des soldats est au plus un pour cent de la société. S’il y a une surpopulation des soldats dans un pays, leurs dépenses deviennent un grand problème pour ce pays. Dans les anciennes républiques grecques et romaines, l’art de guerrier n’est pas un métier, mais c’est quelque chose que chaque sujet de l’État est prêt à faire ou est obligé de faire dans une situation extraordinaire, en dehors de ses métiers ordinaires.
Au fur et à mesure que la société avance, l’art de la guerre se perfectionne également. Quoique l’invention des machines soit une raison importante de son perfectionnement, il doit être un seul métier pour quelqu’un, comme les autres arts, afin d’atteindre le niveau de maturité. Donc, il a besoin de la division du travail pour son développement.
Adam Smith distingue la division du travail dans les autres arts et celle dans l’art de guerrier ; parce que tandis que la division du travail émerge avec l’avidité naturelle des individus qui voient que cela donnera de meilleurs résultats dans les autres arts de se consacrer à un seul travail pour leur propre avantage, le service militaire lui-même peut devenir un métier distinct par la volonté de l’État. Par exemple, un citoyen qui consacre son temps à l’entraînement militaire en temps de paix n’agit pas conformément à ses propres intérêts s’il ne reçoit pas d’incitations spéciales de l’État. En conséquence, il y a deux méthodes pour la défense nationale : le premier donne une formation militaire aux citoyens qui sont à l’âge militaire et qui ont leur propre travail et les impose un deuxième travail. L’autre est que l’État couvrit les dépenses de certain nombre de citoyens qui s’entraîne constamment
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 210.
dans l’armée, en d’autres termes, il rend l’art de guerrier un métier distinct. Par la première, la force de la défense est composé de la milice et dans la deuxième les troupes réglées, et selon Adam Smith, l’armée de troupes réglées assoit sa supériorité sur la milice à travers l’histoire ; c’est principalement parce qu’il est devenu un métier distinct avec la division du travail.
Dans le deuxième article de la section sur les dépenses des travaux et des établissements publics et Adam Smith tente d’examiner les dépenses des institutions pour l’éducation des jeunes. Ces institutions peuvent couvrir leurs propres dépenses avec les revenus qui découleront du paiement de l’écolier au maître. Les fonds publics ne poussent pas les maîtres à travailler dur et à développer leurs compétences, ce n’est donc pas avantage pour l’individu et le public. Dans chaque profession, l’effort fourni pour le travail est proportionnel à la nécessité de ce travail. Cette nécessité est plus essentielle pour ceux que le travail est une seule source de subsistance. Ils doivent faire une certaine quantité de travail par an, et si la concurrence est libre, ils essaient d’effectuer leur travail sans fautes à cause de cela. Sur la base de cet argument, Adam Smith analyse les collèges et les universités, l’histoire de ces institutions, et l’enseignement philosophique, en évaluant la Grèce antique et l’ancienne Rome, en les comparant à la période moderne et il demande si l’État doit intervenir dans l’éducation du peuple. S’il faut s’en occuper, quelles parties de l’éducation pour les différentes classes de la société faut-il être supervisés par l’état ? Quelle manière doit-il superviser cette éducation ?
Dans certaines circonstances, l’état de la société situe nécessairement la plus grande partie des individus dans des situations telles qu’elles forment naturellement en eux, sans aucune supervision du gouvernement, presque toutes les capacités et vertus que cet état exige ou peut admettre. Dans d’autres circonstances, l’état de la société ne situe pas la plupart des individus dans de telles situations, et une certaine supervision du gouvernement est nécessaire pour empêcher la corruption et la dégénérescence presque entières de la grande masse du peuple.28
28 « In some cases the state of the society necessarily places the greater part of individuals in such situations as naturally form in them, without any attention of government, almost all the abilities and virtues which that state requires, or perhaps can admit of. In other cases the state of the society
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 211.
La réponse de la question précédente peut être inférée de cette remarque assez obscure d’Adam Smith : dans certaines conditions, l’état doit superviser, dans d’autres, ce n’est pas nécessaire. Au fur et à mesure que la division du travail accroît, le travail de la plupart des gens qui vivent du travail, c’est-à-dire la grande masse du peuple commence à se limiter à quelques fonctions très simples, souvent une ou deux fonctions. En résumé, à mesure que la division du travail accroît, chaque individu exerce moins de types de fonctions. L’entendement humain s’est nécessairement formé par les travaux ordinaires qu’ils s’effectuent. Si toute la vie d’un homme est consacrée à l’exécution de quelques fonctions simples dont les résultats sont toujours les mêmes, il n’a pas besoin d’utiliser la faculté de la pensée ou de l’invention pour trouver des solutions à des difficultés auxquelles il n’a jamais été confronté. Il perd graduellement ces facultés et ces habitudes et il devient l’homme le plus ignorant qui soit possible. L’engourdissement de son esprit le rend incapable d’apprécier une conversation fluide ou de dire un mot pour participer. La capacité d’avoir un sentiment subtil et, par conséquent, un jugement précis même sur les responsabilités de la vie privée est également perdue. En conséquence, on ne peut pas s’attendre à ce qu’elle parvienne à une décision à plus grande échelle, par exemple dans l’intérêt du pays. Si une attention et un soin particuliers ne sont pas apportés à l’évolution d’une personne devenue ainsi, il sera même impossible de défendre le pays. La monotonie de sa vie le rend lâche, il éprouve une aversion effrayante pour la vie aventureuse d’un soldat. Encore une fois, cette routine en effet abîme son corps, il ne peut donc utiliser correctement son corps que pour le travail qu’il s’effectue. Compte tenu de tout cela, il acquiert la dextérité dans ses propres travaux en échange de ses vertus intellectuelles, sociales et guerrières. Si le gouvernement n’intervient pas, ce sera la situation dans laquelle les ouvriers pauvres, c’est-à-dire la majorité du peuple, se trouveront inévitablement dans toute société civilisée.
Avant le développement de l’agriculture, de l’industrie et du commerce extérieur, c’est-à-dire dans l’état grossier de la société, dans des sociétés composées de chasseurs, de bergers et de cultivateurs,
does not place the greater part of individuals in such situations, and some attention of government is necessary in order to prevent the almost entire corruption and degeneracy of the great body of the people. »
Adam Smith, An Inquiry Into The Nature And Causes Of The Wealth Of Nations…, p. 734.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 212.
les différents métiers, que chacun exerce, poussent à l’utilisation plus d’intelligence. Ils conduisent aussi les hommes à trouver des solutions aux difficultés. L’imagination reste éveillée et il n’y a pas de l’engourdissement du peuple comme dans la société civilisée. Dans ces sociétés dites «barbares», chaque homme est aussi un guerrier et un homme d’État en quelque sorte. Il peut avoir un jugement sur l’intérêt de la société ou des gouvernants. Dans une société grossière, alors que chaque individu effectue plusieurs travaux différents, il n’y a pas de diversité sérieuse dans le travail total de l’ensemble de la société. En tout homme, il y a connaissance, ingéniosité et faculté d’invention ; mais aucun d’entre eux n’est à un niveau avancé. Le niveau, cependant, qui est communément présent, est généralement suffisant pour mener à bien toutes les affaires simples de la société.
Quoique les travaux de l’individu dans l’état civilisé de la société ne soient pas divers, les travaux de l’ensemble de la société sont presque illimités. Pour les quelques personnes qui ont le temps libre et l’envie d’observer profondément les travaux d’autres personnes et qui ne sont pas elles-mêmes liées à un travail particulier, cette diversité signifie également une diversité presque infinie de sujets. L’étude approfondie d’une telle diversité de sujets conduit ces personnes à extrêmement être pointues et à élargir leur esprit et leur entendement par le raisonnement sur des comparaisons et des combinaisons sans fin. Ces types de personnes doivent être situées dans la situation de critique, sinon leurs talents honorables ne seront pas d’une grande utilité pour le bon gouvernement ou le bien-être de la société. Sinon, quoiqu’il y ait une grande capacité de ces personnes, tous les aspects nobles du caractère humain comme ses vertus sont largement perdus parmi la masse du peuple.
Dans une société civilisée et commerciale, l’éducation du peuple ordinaire nécessite plus de soutien du gouvernement que l’éducation des gens bien nés et dans l’aisance. Puisque ce type des gens a du temps et des opportunités, ils sont bien éduqués si les dépenses nécessaires sont faites dès l’enfance. Il se réalise très rarement qu’ils ne reçoivent pas une bonne éducation à cause des dépenses, du manque de maîtres qualifiés, de la négligence et de l’incompétence du maître. Les activités faites par ces personnes ne sont pas aussi uniformes et simples que ceux du peuple ordinaire. Elles sont déroutantes et compliquées. Et il est très rare que l’esprit de ceux qui font ce type de travail soit léthargique par
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 213.
l’absence du fonctionnement. Encore une fois, comme de tels travaux ne les fatiguent pas toute la journée, ils ont beaucoup de temps libre et ils peuvent se spécialiser dans toutes les branches de la connaissance qui peuvent être utiles ou agréables. Chez le peuple ordinaire, c’est le contraire. Il y a moins de temps pour l’éducation, parce que leurs familles pouvaient à peine se permettre de s’occuper d’eux même dans leur enfance et quand ils arrivent à l’âge d’être capable à travailler, ils commencent un travail pour subsister. Comme il est simple et uniforme dans les travaux, il ne nécessite pas beaucoup d’intelligence. Et parce qu’ils travaillent sans arrêt pour gagner leur vie, ils n’ont pas de temps libre, ne trouvent pas d’autres activités ni même le temps d’y penser. Donc, ils sont moins enthousiastes à cause de tout cela.
Même si le peuple ordinaire de la société civilisée ne peut pas être éduqué aussi bien que les gens bien nés et dans l’aisance puisque les éléments de base de l’éducation tels que la lecture, l’écriture et le calcul peuvent être enseignés à un jeune âge, ils peuvent être éduqués. Même pour ceux qui vont travailler dans les travaux les plus ordinaires ont le temps pour cela dans leur enfance. L’État peut facilement encourager ou même imposer cela à l’ensemble de la population à très peu de prix. Par exemple, les églises peuvent ouvrir de petites écoles là où elles sont situées à un salaire équitable que même un ouvrier peut payer. Il faut que l’état paie partiellement le salaire du maître en raison de principe dont nous avons auparavant parlé au début. Comme la connaissance de la géométrie et de la mécanique leur sera utile même pour les travaux les plus ordinaires, les enfants du peuple ordinaire peuvent apprendre ces matières au lieu du latin à moitié cuit. Dans cette éducation de base, les jeunes peuvent être encouragés par les petits diplômes ou l’état la force mettant la condition de réussir l’examen de cette éducation de base afin de créer une entreprise.
Encore une fois, faciliter et encourager les exercices d’éducation militaire et physique et rendre leur apprentissage obligatoire sont les méthodes utilisées par les républiques grecques et romaines pour préserver l’esprit guerrier de leurs citoyens. La sécurité de toute société repose toujours plus ou moins sur cet esprit. Quoique cet esprit seul ne suffise pas à la défense et à la sécurité sans être soutenu par une armée permanente disciplinée, une armée beaucoup plus réduite suffit là où chaque citoyen a cet esprit.
Seçkin, A. Y. (2023). La division du travail dans l’histoire de la philosophie. Paradigma Akademi. p. 214.
L’état doit apporter une attention à ce que les classes inférieures du peuple qui ne soient pas complètement inculte, même si les éduquer n’avantage pas directement à l’État, parce que les ignorants sont plus enclins à la confusion, à l’exubérance et à la superstition.
Un peuple savant et sain d’esprit est plus poli et plus obéissant qu’un peuple ignorant qui est plus enclin à montrer leurs supériorités. Ils sont moins enclins au séparatisme et au complot, et partant une opposition incontrôlée aux mesures du gouvernement sur cette question. Donc, l’éducation est également importante pour la sécurité du gouvernement.